La société en réseau I. L’ère de l’information, Manuel CASTELLS – Fiche de lecture

Manuel CASTELLS « La société en réseau I. L’ère de l’information », Fayard 1998 – fiche de lecture

Présentation des points théoriques du livre 1 de La société en réseau

castells societe reseauxLa technique : « Il est évident que la technique ne détermine pas la société. Pas plus d’ailleurs que la société ne définit le cours du changement technique. Plusieurs facteurs, dont l’inventivité et l’esprit d’entreprise individuels, concourent à la découverte scientifique, à l’innovation technique et à leurs applications sociales »1.

En fait, il y a interaction dialectique entre société/technique comme chez BRAUDEL ! Mais, « à l’évidence, la capacité des sociétés à maîtriser les techniques (…) pèse lourdement sur leur destin. A tel point que l’on peut dire (…) que la technique traduit la capacité des sociétés à se transformer »2.

Et le rôle de l’Etat, qui étouffe ou favorise l’essor technique, est essentiel (ex : la philosophie de l’Etat Chinois du XIVe siècle a empêché ce pays de s’industrialiser alors qu’il était plus développé que l’Europe ! car la technique risquait de déstabiliser le social, ordre et stabilité devaient être maintenus. Et c’est le même Etat qui appui l’essor de la technique nucléaire au XXe en Chine. En conséquence on remarque qu’il n’y a pas forcément une identité culturelle de ces techniques !). ainsi, « pour comprendre la mutation technique/société retenons que l’Etat joue un rôle décisif dans le mécanisme général, en ce qu’il exprime et organise les forces sociales et culturelles qui prévalent à un moment et un même lieu donné. Le processus historique par lequel se produit ce développement des forces de production définit les caractéristiques de la technique et la manière dont celles-ci tissent les relations sociales. Il n’en va pas autrement de l’actuelle révolution technologique (…) Par conséquent, la nouvelle société qui émerge de ce changement est à la fois capitaliste et informationnelle »3.

La société informationnelle

Pour CASTELLS, la révolution de la technologie de l’information joue un rôle majeur dans la mise en œuvre depuis les années 80 du processus fondamental de restructuration du système capitaliste : il y a en effet, un processus historique de mutation de ce système (du cycle pré-industriel, à la société industrielle puis au cycle informationnaliste (c-a-d post-industriel) : « ce livre étudie l’émergence d’une nouvelle structure sociale qui se manifeste sous des formes diverses en fonction de la variété des cultures et des institutions. Cette structure sociale nouvelle est associée à l’apparition d’un nouveau mode de développement, l’informationisme, historiquement modelé par la restructuration du mode de production capitaliste vers la fin de XXe »4.

C’est le tryptique production (économie-industrie)/expérience (social-culture)/pouvoir (politique-Etat-institutions) qui conduit l’analyse de l’auteur : le fruit de processus de production est utilisé socialement sous 2 formes, la consommation et le surplus ; et c’est selon le mode de production des sociétés (capitaliste ou Etatique) que ces formes seront développées. Ainsi les différents modes de développement sont : agraire, industriel, informationnel (« c’est la technologies de production du savoir, du traitement de l’information et de la communication des symboles qui engendre la productivité »5. Et il faut sans cesse améliorer la technologie du traitement de l’information, du savoir pour faire perdurer ce mode de Production/développement (alors que dans le process industriel c’était l’introduction de nouvelles sources d’énergie qui était central).

***Note : pour un traitement autre que structuraliste de la notion d’information, voir le livre la culture de l’information de Brigitte Juanals (Lavoisier, 2003) .

1 p.25

2 p.28

3 p.33

4 p.35

5 p.38

Mais le moteur du changement est avant tout social , : « c’est l’interaction effective entre les modes de production et les modes de développement, accomplie par les acteurs sociaux au travers de luttes et d’imprévisibles circonstances »1 (mais il ne s’agit plus de lutte de classes car les sociétés informationnelles sont capitalistiques – contrairement aux stés indus dont certaines étaient étatistes).Une différence doit être faite entre société de l’information et société informationnelle : la 1ere a toujours existé puisque les stés sont tj d’info ! et la seconde désigne « une forme particulière d’organisation sociale, dans laquelle la création, le traitement et la transmission de l’information deviennent les sources premières de la productivité et du pouvoir, en raison des nouvelles conditions technologique apparaissant dans cette période historique-ci »2. Ainsi la où la sté indus avait généré de nouvelles formes organisationnelles, la société informationnelle fait apparaître une « logique de réseau »…

L’identité personnelle dans la société de l’information

Une autre question traitée ici est celle des sujets de la société informationnelle, de l’identité personnelle dans les réseaux et les communautés virtuelles, les déterritorialisations, les échanges simultanés (là où il y avait un territoire qui garantissait des liens sociaux, une culture, des fondements historiques partagés…) : « comment combiner technologies nouvelles et mémoire collective, science universelle et culture communautaire, passion et raison ? » Par exemple : « alors qu’ils accroissent les pouvoirs humains d’organisation et d’intégration, les systèmes et réseaux d’information subvertissent simultanément le concept occidental traditionnel d’un sujet autonome et indépendant. Par ex : la globalisation, la mondialisation appellent à un replis sur soi…

En définitive CASTELLS traite dans son 1er livre de la logique du réseau, dans le 2eme livre de la confrontation entre le réseau et le Soi au vu de la crise de deux instances de la société (la famille patriarcale et l’Etat national), et dans le 3eme livre il tente d’interpréter les transformations historiques en cours comme le résultant des dynamiques du processus étudié dans les deux 1er tomes : « je suis en effet convaincu que nous sommes entrés dans un monde véritablement multiculturel et interdépendant, qui ne peut-être compris et transformé, qu’à partir d’une perspective plurielle unissant l’identité culturelle, la mise en réseau globale et des politiques multidimensionnelles »

1 p.40

2 p.43

Originally posted 2007-06-01 10:41:58.