L’avènement de l’empire cybernétique

cybernétique projet

Faisant suite aux thèses sur la cybernétique du sociologue Philippe Breton, la sociologue Céline Lafontaine affirme que la cybernétique a permit l’expression scientifique d’une conception radicalement nouvelle du sujet, en rejet de la tradition humaniste, une dé-subjectivation au nom du nouveau sujet informationnel hérité et conceptualisé au sortir de la seconde guerre mondiale par les cybernéticiens.

Ce sujet cybernétique se caractériserait par son adaptabilité et une étroite dépendance des individus à l’égard des réseaux médiatiques et commerciaux; les identités s’extérioriseraient sous forme de différences partielles et multiples…

Selon la sociologue, la cybernétique comprend donc une véritable vision du monde aussi élaborée que l’humanisme et joue un rôle majeur dans le paradigme communicationnel actuel dont l’Internet et le “cyberspace” sont le dernier avatar : “seule l’hypothèse d’une continuité paradigmatique permet d’expliquer la résurgence de thèmes formulés au sortir de la deuxième guerre pour présenter des des outils technologiques censés nous ouvrir tout grand les portes du XXIeme siècle “ .

Pour elle en effet les points communs entre cybernétique et cyberespace abondent :

  • leur apolitisme

  • mondialisation et libéralisme prédominent

  • univers scientifico-religieux où l’humain se donne pour mission de poursuivre, par son propre dépassement, la chaine évolutive dont il est issu

Pour l’auteur la démonstration est claire : “qu’il soit question des sujets virtuels des réseaux, du cyborg et de ses dispositifs bio-informatiques, ou encore des processus d’immortalité portés par l’imaginaire du post-humain, c’est toujours la figure polymorphe du sujet informationnel conceptualisé au sortir de la seconde guerre mondiale qui se profile”.

BIBLIOGRAPHIE :

Céline Lafontaine “L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine”, Seuil, 2004, p.172

Céline Lafontaine “Bio-objets – Les nouvelles frontières du vivant“,  Seuil, 2021, 336 pages